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Photo du rédacteurBuunda Jackson

RDC : L'UDPS propose une révision constitutionnelle — Un revirement historique qui fait débat .



Le parti au pouvoir en République Démocratique du Congo (RDC), l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), a récemment exprimé son intention de modifier la Constitution de 2006. Cette annonce a suscité de vives réactions, et pas seulement de la part des partis d'opposition ou de la société civile. Même les leaders religieux, en particulier les évêques catholiques, se sont opposés publiquement à cette initiative, ajoutant un poids moral et spirituel à la contestation. Ce projet controversé intervient dans un contexte où l'UDPS et le président Félix Tshisekedi s'étaient autrefois farouchement opposés à toute tentative similaire sous le régime de Joseph Kabila.

 

La Constitution de 2006, un Texte sacré de la démocratie Congolaise

 

La Constitution de 2006 représente une avancée démocratique majeure pour la RDC. Adoptée après des décennies de conflits, elle garantit notamment la limitation des mandats présidentiels à deux. Cette clause était destinée à empêcher l'accaparement du pouvoir et à instaurer une alternance démocratique. Elle a été cruciale pour permettre la première transition pacifique en 2018, marquant l’arrivée de Félix Tshisekedi à la présidence.

 

Le Paradoxe de l’UDPS : Défenseurs de la Constitution Hier, Promoteurs de la Réforme Aujourd’hui

 

Avant d'accéder au pouvoir, l’UDPS s’est illustrée comme un fervent défenseur de la Constitution. En 2015, lors des tentatives de Joseph Kabila de réviser la Constitution pour prolonger son mandat, l'UDPS s'était alliée à la société civile pour dénoncer ce qu’elle considérait comme une tentative de coup d’État constitutionnel.

 

Manifestations de 2015   : L'UDPS a été en première ligne des manifestations populaires, avec des leaders comme Félix Tshisekedi critiquant ouvertement les intentions de Kabila. Ces protestations ont conduit à une répression violente, avec des dizaines de morts et des centaines de blessés.

Déclarations fermes de l'UDPS   : À l'époque, Tshisekedi avait proclamé que « la Constitution est la boussole de la démocratie congolaise et doit être respectée ». Cette déclaration avait renforcé l'image du parti en tant que gardien des valeurs démocratiques.

 

Aujourd'hui, cependant, l'UDPS semble envisager une révision de la même Constitution qu'elle avait juré de défendre, provoquant un tollé dans l’opinion publique et une vague de scepticisme.

 

Une opposition clericale : les évêques catholiques montent au créneau

 

Le débat sur la révision constitutionnelle a pris une nouvelle dimension lorsque les évêques catholiques de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) se sont prononcés contre cette initiative. Dans une déclaration ferme, les évêques ont exprimé leur inquiétude quant aux motivations réelles derrière ce projet et ont rappelé leur engagement pour la stabilité démocratique du pays.

 

Déclaration de la CENCO   : « Toute tentative de révision constitutionnelle en ce moment délicat est perçue comme une manœuvre politique visant à prolonger le mandat présidentiel et à saper les acquis démocratiques. Nous ne pouvons accepter que les règles du jeu soient changées pour servir des intérêts particuliers », ont déclaré les évêques.

Influence de l'Église Catholique   : En RDC, l'Église catholique joue un rôle majeur dans la vie sociale et politique. Elle est souvent perçue comme un arbitre moral, ayant soutenu les mouvements pro démocratie par le passé, notamment lors des manifestations contre Kabila. L’opposition des évêques représente donc un obstacle sérieux pour l'UDPS et pourrait influencer une grande partie de la population.



 

Les Justifications de l’UDPS : Un discours axé sur la modernisation

 

L'UDPS justifie sa proposition en avançant la nécessité de moderniser le cadre juridique du pays et d’adapter la Constitution aux réalités actuelles. Selon le parti, plusieurs réformes seraient envisagées :

 

  • Moderniser le Cadre Juridique : Selon le parti, la Constitution de 2006 serait obsolète à certains égards et ne refléterait plus les défis actuels du pays. L’UDPS souhaite introduire des réformes qui renforceraient l'efficacité du gouvernement.

  • Renforcer le Pouvoir Présidentiel : L’une des modifications suggérées pourrait inclure une augmentation des prérogatives du président. Les partisans de cette réforme affirment qu’un renforcement du pouvoir exécutif serait nécessaire pour accélérer la mise en œuvre des réformes économiques et sociales.

  • Augmenter la Durée du Mandat Présidentiel : Bien que cela n’ait pas été explicitement confirmé, des rumeurs circulent selon lesquelles l'UDPS envisagerait d’allonger la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans. Certains analystes craignent même une suppression de la limitation des mandats, ouvrant la voie à une présidence prolongée de Félix Tshisekedi.

 

Les Risques d’une Révision Constitutionnelle : Un Retour en Arrière ?

 

L’histoire récente de la RDC montre que les tentatives de modification de la Constitution peuvent conduire à une instabilité politique et à des crises majeures.

 

Réactions Populaires et Risque de Protestations   : La société civile, les organisations de défense des droits de l'homme, et désormais les évêques catholiques, expriment leurs préoccupations face à cette initiative. Une tentative de révision pourrait déclencher des manifestations massives, rappelant les scènes de violence de 2015 sous Kabila.


Perte de Crédibilité Internationale   : L’image du président Tshisekedi et de l'UDPS pourrait être ternie sur la scène internationale. Les partenaires étrangers, qui ont soutenu l’alternance politique de 2018, pourraient considérer cette révision comme une dérive autoritaire, ce qui risquerait d'entraîner des sanctions et une réduction de l’aide internationale.


Affaiblissement de la Démocratie   : Modifier la limitation des mandats affaiblirait un des piliers de la démocratie congolaise. Cette clause a été l’une des garanties pour éviter les dérives autocratiques observées dans d’autres pays africains.

 

Une Proposition à haut risque pour la RDC

 

La volonté de l’UDPS de modifier la Constitution apparaît comme un pari risqué, voire contradictoire, compte tenu des positions antérieures du parti. L’opposition croissante, notamment de l’Église catholique, pourrait compliquer la mise en œuvre de ce projet. L’UDPS se trouve désormais face à un dilemme : poursuivre sa proposition de révision et risquer une crise politique, ou écouter les voix de la société civile et des leaders religieux pour préserver la stabilité et l’unité nationale.

 

Les Leçons de l’Histoire : Un avertissement clair 

 

En 2015, les tentatives de Joseph Kabila de modifier la Constitution ont conduit à une crise politique prolongée et ont finalement contribué à la fin de son régime. Si l’UDPS choisit d’ignorer ces leçons, elle pourrait être confrontée à des conséquences similaires, voire pire, étant donné la volatilité actuelle du climat politique en RDC. Pour éviter de reproduire les erreurs du passé, un dialogue inclusif et transparent s’impose, afin de garantir que toute réforme constitutionnelle serve réellement l’intérêt du peuple congolais et non des ambitions politiques individuelles.


Par Buunda Jackson.

 

  

 

 

56 vues1 commentaire

1 Comment


christian musoke
christian musoke
Nov 09

Si on tenait a profiter du temps qui nous imparti pour rendre le pays encore plus prospère au lieu de vouloir changer la constitution a chaque fois que le pouvoir va nous échapper!! On serait très loin a ce moment! Juste un tas d’incapables a la grande table.

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